« T’es sauvage »
« Tu parles jamais »
« T’es une mamie, tu profites pas »
« Sors un peu, tu le regretteras plus tard »
« Tu nous casses pas les oreilles »
Les gens qui nous regardent de haut quand on refuse une soirée…
Vous devez avoir entendu maintes et maintes fois ce genre de choses, si vous êtes introverti.e.
C’est quoi l’introversion ?
Je pense que parler d’introversion est un thème qu’il faut absolument aborder car ce n’est pas quelque chose qui nous mène la vie facile. En effet, j’avais dû en parler il y a quelques temps (ici), et je pense que ce blog se prête bien à parler de ce sujet encore (trop) tabou.
L’introversion, c’est souvent confondu avec la timidité. C’est le fait d’avoir besoin plus rapidement que d’autres de recharger sa batterie sociale, être vite dépassé par trop de stimuli extérieur, se ressourcer au calme, aimer la solitude. C’est un trait de caractère, on ne peut pas le changer. Quand on est introverti, on aime avoir des moments rien qu’à nous pendant lesquels on peut se poser tranquillement, sans être envahi par les autres. La timidité, à l’inverse, est un obstacle à nos actions du quotidien (rencontrer du monde, se mettre en avant, prendre la parole lors d’une réunion etc). La timidité se soigne et se corrige, l’introversion non. Jamais on ne pourra devenir extraverti du jour au lendemain tandis qu’un extraverti ne deviendra pas non plus introverti. Il y a des tendances à l’introversion et des tendances à l’extraversion, tout n’est pas tout blanc ni tout noir.
L’introversion blâmée
Si on parle de tempérament introverti, il y a donc des extravertis. Les extravertis représentent environ 70% de la population, soit donc 30 % d’introvertis. Autant dire que les introvertis ne sont pas nombreux. Nous vivons dans un monde d’extravertis et notre vie sociale est régie sur la base de l’extraversion, entre le comportement que l’on adopte en public (être ouvert, aller au-devant des autres, parler beaucoup, sortir en soirée etc) et les injonctions de la société à changer. Beaucoup de personnes – parfois des introvertis eux-mêmes- ne comprennent pas l’introversion et le besoin pour nous de se ressourcer plus fréquemment que les autres. On n’a pas envie de sortir ? C’est normal. On ne parle pas « pour rien dire » et on aime les discussions plus profondes que « alors il fait beau hein ? » c’est normal aussi. On est juste des humains, on a juste des besoins, comme n’importe qui. Quiconque vous dira qu’il faut changer, ne sera pas une personne à écouter.
A propos de timidité, on m’a récemment fait une remarque (ce qui m’a bien déplu) au sujet de ma potentielle orientation professionnelle. J’ai dit à cette personne que je voulais travailler dans la communication (potentiellement) et on m’a dit: « Ah mais c’est bizarre tu es timide toi « . Ben voyons. C’est parce que j’ai pris du poil de la bête que j’ai répondu « ça n’a rien à voir » mais je pense que cette personne a confondu timidité et introversion. Certes les tempéraments peuvent être similaires (en retrait, ne parle pas beaucoup…) mais il y a tout de même une différence. Une personne introvertie est indépendante, elle aime ne pas parler à tort et à travers, mais parce qu’elle est comme ça, alors qu’une personne timide ne va tout simplement pas oser aller vers les autres, oser prendre la parole, mais une fois qu’elle se sera intégrée, ça ira mieux. Si on me fait la remarque, je ne vais pas pour autant parler plus ou plus aller au-devant des autres puisque je suis INTROVERTIE. Donc d’ici quelques années ce sera pareil.
Parfois, l’introversion (mais pas que), renforce les risques de faire de l’anxiété sociale. L’anxiété sociale ressemble à la timidité, d’ailleurs, les personnes en souffrant sont généralement timides à la base, mais cela est plus « profond » et nous gêne réellement dans notre vie quotidienne. Certaines personnes vont jusqu’à ne plus sortir de chez elles. Mais j’en parlerai prochainement car c’est un sujet très subtile et la frontière avec la « simple » timidité n’est pas si évidente que ça.
Des conseils
Quand on est introverti, on a besoin de moments pour se ressourcer en restant chez soi (par exemple après une soirée, après avoir passé une longue journée de cours ou au travail), et NOUS AVONS LE DROIT DE LE FAIRE. Personne ne peut connaître nos besoins mieux que nous. Ne laissez pas les autres décider pour vous. Vous n’avez pas envie d’aller à une soirée car vous êtes épuisé.e socialement ? Pas besoin de vous justifier, vous déclinez l’invitation, tout simplement. Si ce sont de vrais amis, ils comprendront.
Attention cependant à ne pas toujours refuser, au risque de ne plus être invité. Ca c’est pas cool.
Au travail, c’est plus délicat; l’introversion est parfois mal perçue. De plus en plus de personnes décident d’en parler ouvertement lors d’un entretien d’embauche. A vous de savoir si vous voulez le mentionner, ça peut être bien pour aider à se faire respecter et se faire comprendre, du moins à mon avis.
Si des personnes vous demandent de changer, expliquez-leur que votre nature est telle qu’elle est et que vous ne pourrez pas la changer, c’est comme ça et puis c’est tout. Est-ce que vous pouvez intrinsèquement changer la couleur de vos yeux ? Non. Est-ce que vous deviendrez mat après avoir passé du temps au soleil alors que vous avez une peau de porcelaine ? Non plus. Eh bien là c’est pareil.
Et vous, êtes vous introverti.e ? Quels reproches vous a t-on fait ? Qu’avez-vous répondu ? Comment vous adaptez-vous socialement ? Ca me ferait plaisir d’avoir des retours 🙂
Podcast aussi en ligne sur https://spotifyanchor-web.app.link/e/6AfxfSCX3ub
Génération21 